jeudi 28 mai 2009

[Les paradis perdus]





















La vie est une ascension, une voie, une montagne à escalader, bref, un sommet d’exigence.
Montagnes d’une vie (1)…celles-là mêmes qui font souffrir tout au long des chemins de la vie, mais aussi grandir et Aimer ce que nous sommes (2).

Modeste soldat dans L’armée des ombres (3) professionnellement parlant mais aussi alpiniste amateur anonyme parmi Les Conquérants de l’inutile (4), j’ai souvent pu mesurer en entreprise comme en montagne que ce n’est que dans des chantiers et voies difficiles que l’on sort au sommet véritablement changé, transformé, métamorphosé.
Le genre d’expérience, d’engagement, qui « tire vers le haut » et vous marque au fer rouge...

J’imagine qu’il en va de même dans beaucoup d’autres disciplines sportives, artistiques, professionnelles…pourvu que l’on ait trouvé sa voie.

« Qui sait tout souffrir peut tout oser » (5).
Pas à pas, mètre par mètre, souffle à souffle, l’alpiniste progresse le regard fixe vers le sommet, tel le chasseur Profit engagé dans son solo intégral de 3 heures 10, sans corde, à mains nues, dans la face Ouest des Drus (Directe Américaine), un jour de juin 1982 (6).

Nombreux sont ceux qui façonnent leur vie à coup de doses successives d’adrénaline, parce que résolument engagés avec passion dans une ascension qui doit les mener toujours plus haut, toujours plus loin, version Pushing the limits (7), jusqu’au seuil des portes de Lumières (8)…
Au cours de cette longue et mystérieuse Ascension que représente la vie, leur vie, il arrive souvent qu’une question taraude l’esprit du grimpeur, le vivant à pleine dents, parce que soudainement convaincu d’être devenu Le Chanteur Abandonné (9), l’artiste incompris, le solitaire qui ne veut plus être seul, l’idéaliste utopique, le conquérant de l’inutile.

Au pied d’une nouvelle voie, plus difficile encore que les précédentes, une inquiétude, un doute, une angoisse même envahit le Premier de cordée (10) qu’il est pour Le jour d’après (11) :

En pleine tempête (12), car elle est annoncée,
Qui seront désormais les Capitaines courageux (13) ?
Que deviendra Le Cercle des Poètes Disparus (14) ?

Bien sûr, demain, dans quelques semaines, il sait qu’à l’heure de la Rencontre avec Joe Black (15), certains dirons de leur vie « nous aurions du ou nous aurions pu. Lorsqu’il sera trop tard » (16).

Pour l’heure, il est « mid life » au clocher de l’église, dans les squares les fleurs poétisent (17),
Et moi, tout là haut, je me souviens de Quand j’étais chanteur (18),
Alors
Dans ma veste de soie rose
Je déambule morose
Le crépuscule est grandiose

Peut-être un beau jour voudras-tu
Retrouver avec moi
Les paradis perdus
. (19)


(1) Montagnes d’une vie – Un livre de Walter Bonatti – Editions Guérin – (2001)
(2) Aimer ce que nous sommes – Un album et une chanson du chanteur Christophe – (2008)
(3) L’armée des ombres – Un livre de Joseph Kessel – (1943) - et un film de Jean-Pierre Melville – (1969)
(4) Les Conquérants de l’inutile – Un livre de Lionel Terray – (1961) – Editions Guérin (2001 – 6ème édition)
(5) Citation de Luc de Clapiers, Marquis de Vauvenargues – (1715-1747)
(6) Mission Alpinisme GMHM – Un livre album d’Antoine Chandellier – Editions Guérin - (2006)
(7) Pushing The Limits – Un film de Thierry Donnard – (1994)
(8) Face Nord – Un livre de Saint-Loup – Editions Arthaud - (1950)
(9) Le Chanteur Abandonné – Une chanson de Johnny Hallyday écrite par Michel Berger – (1985)
(10) Premier de cordée – Un livre de Roger Frison-Roche – (1941)
(11) Le jour d’après – Un film de Roland Emmerich – (2004)
(12) En pleine tempête – Un film de Wolfgang Petersen – (2000)
(13) Capitaines Courageux – Un livre de Rudyard Kipling – (1897)
(14) Le Cercle des Poètes Disparus – Un film de Peter Weir – (1989)
(15) Rencontre avec Joe Black – Un film de Martin Brest – (1998)
(16) Extrait de Noces à Grenelle – Une chanson d’ABD AL MALIK – (2008)
(17) Extrait des Mots bleus – Un album et une chanson de Christophe – (1974)
(18) Quand j’étais chanteur – Un film de Xavier Giannoli – (2006)
(19) Extrait des Paradis Perdus – Un album et une chanson de Christophe – (1973)

lundi 25 mai 2009

[Sur le fil du rasoir]














Il y a des périodes de vie comme ça, moins actives que d'autres, moins enthousiastes, des périodes de quête, tel un funambule sur le fil du rasoir qui cherche à défier le vide...de sens à sa vie.
Faut-il pour autant prendre la tangente sur la Taillante ?
(Ligne de crête de La Taillante - Queyras - photo ci-dessus)

Dans mon précédent post, j'écrivais qu'une bonne sortie en montagne est une sortie de laquelle on revient le sourire aux lèvres.
Encore faut-il, pour partir en montagne, avoir le sourire aux lèvres, "l'envie d'avoir envie" comme le chante notre Johnny national !

Ces dernières mois, je dois bien l'avouer, l'envie n'était pas là,
plus là.
Une nouvelle piste de jouvence m'obsédait : le BMX ! Une discipline plus explosive, plus instantanée, plus facile pour moi à mettre en oeuvre dans l'espace temps, ce luxe si difficile de nos jours à maîtriser.














Après "On a marché sur la Lune", voilà donc la version "On a roulé sur la Lune" avec la découverte récente d'un sport communautaire - le BMX(1) - source de sensation, d'adrénaline et surtout sport à partager avec mon fils Dimitri(2) à défaut de réussir pour le moment à l'emmener marcher et escalader avec moi en montagne.
Je ne désespère pas que le ski (de bosses !) devrait permettre un jour à Dimitri de me rejoindre côté montagne...















Alors Alpine Walker ou BMX Rider ?
Les deux mais à doses adaptèes, car pour l'heure il me faut bien accepter que le temps d'une pratique sportive plus raisonnable s'impose en regard de mon état d'épuisement général.
A vouloir trop en faire, on risque de ne pouvoir plus rien faire...
On ne grimpe pas en effet au sommet d'une montagne ni ne saute des triples bosses lorsque la condition physique et surtout le mental ne sont plus au rendez-vous.
Une absence qui découle directement de cette quête immuable, "Le mot de la fin : être reconnu, tout simplement, pour exister"(3)...

Sur le fil du rasoir, face au deuil d'une reconnaissance par ses pairs (alpinistes et communicants), le salut ne serait-il pas tout simplement celui d'une reconnaissance par ses proches dans la transmission et le partage ?

Une probable source de (bon) sens à redonner à sa vie...

(1) http://chilkootcruisersx.blogspot.com
(2) http://dimitriskateparktrip.blogspot.com
(3) Berhault - Un livre de Michel Bricola et Dominique Potard - Editions Guérin - Mai 2006